Franck Thilliez est, depuis deux décennies, l’un des auteurs français les plus lus et un maître incontesté du thriller. Je dois cependant vous avouer, un peu honteux, que je n’avais jamais lu le moindre de ses ouvrages. Si je bénéficiais d’un soupçon d’estime auprès de vous, chers auditeurs, il est à craindre que celui-ci se soit évaporé à l’instant. Mais rassurez-vous, je vais tenter de me rattraper en vous livrant mon retour de lecture du roman « Il était deux fois » publié en 2020.
L’action débute en avril 2008 dans un hôtel de la petite ville de Sagas, cité imaginaire que l’auteur a placée dans la vallée de l’Arve, dans un paysage typique de ceux qu’on pourrait rencontrer du côté de Cluses ou de Sallanches. Ecoutez plutôt :
« On approchait les 23h30 quand le lieutenant Gabriel Moscato se présenta à l’accueil, l’un de ces lieux désuets où une moquette rêche, couleur châtaigne, tapissait les murs. Une collection de santons alignés sur des étagères lui donnait des airs de vieille auberge peu recommandable. Le gendarme connaissait le propriétaire du deux étoiles : Romuald Tanchon avait proposé un job d’été à sa fille pendant deux années consécutives et l’avait prise en stage. »
On peut immédiatement s’interroger : Pourquoi le gendarme se présente-t-il à une heure pareille à l’accueil de l’hôtel ? Tout simplement parce qu’il est à la recherche de sa fille Julie, âgée de 17 ans, qui a disparue un mois plus tôt alors qu’elle était partie pour une randonnée à vélo. Tout juste a-t-on retrouvé son VTT posé contre arbre. Depuis lors, rien de rien. Pas une trace, pas une piste, par le moindre mobile apparent qui pourrait aiguiller les recherches du lieutenant Moscato et, plus largement, celles de l’ensemble de la brigade de gendarmerie de Sagas qui s’est mobilisée pour tenter de la retrouver.
Ce soir-là, si Gabriel Moscato se présente à l’accueil de l’hôtel de la Falaise, c’est pour consulter le registre des clients de passage et plus particulièrement ceux qui y auraient séjourné les quelques jours autour de celui de la disparition de sa fille. Un vrai travail de fourmi pour tenter de débusquer un indice. Le patron de l’hôtel, compréhensif, consent à laisser le lieutenant compulser le registre et va même jusqu’à lui proposer de s’installer dans la chambre 29 au deuxième étage. Il suffira que le gendarme repose la clé sur le tableau lorsqu’il aura terminé. Sitôt installé dans la chambre, Gabriel Moscato s’attèle à la tâche, repensant sans répit à sa fille unique disparue comme s’il s’agissait d’un polar noir, sauf que là, c’est bien elle et lui qui sont au cœur de l’intrigue. En dépit de sa rage pour tenter de résoudre l’enquête, le lieutenant Moscato ne trouve rien de véritablement concluant si bien qu’au bout d’un long moment, ivre de fatigue après tant de nuis sans sommeil, il finit par s’endormir tout habillé sur le lit.
Quelques heures plus tard, il est réveillé par un bruit sourd, quelque chose vient de percuter la vitre de la chambre. Sans vraiment comprendre ce qui se passe, il sort de sa chambre et, au lieu de se retrouve sur le balcon de sa chambre, il parvient directement sur le parking de l’hôtel en compagnie d’autres clients qui, comme lui, ont été réveillés en sursaut. Le spectacle dépasse l’entendement, presque apocalyptique. Là, au beau milieu de la nuit c’est un fracas infernal d’oiseaux qui, tels des obus, semblent tomber du ciel par centaines, qui pour se fracasser sur le bitume du parking, qui sur les voitures qui y sont stationnées ou bien contre les murs de l’hôtel. Il pleut littéralement des oiseaux qui meurent dans un ballet cataclysmique. Puis soudain, plus rien. L’orage singulier cesse aussi brusquement qu’il avait commencé. Gabriel Moscato, harassé, retourne se coucher. Le lendemain matin lorsqu’il se réveille à plus de 11 heures, la gueule de bois et encore tout engourdi de sommeil, non seulement il ne retrouve pas ses affaires mais il réalise qu’il n’est plus dans la chambre où il s’était endormi. Quelques minutes plus tard, après être passé par l’accueil, Gabriel Moscato est à nouveau dans la chambre 29 et non dans la 7 où il s’est réveillé. Mais soudain, lorsque son regard croise un le miroir de la salle d’eau il constate avec effroi qu’il est face à une image de lui certes, mais un lui beaucoup plus vieux, pratiquement méconnaissable. Et pour cause, il ne le sait pas encore, mais nous sommes en 2020 et 12 ans se sont écoulés.
Qu’a-t-il bien pu se passer ? C’est à n’y rien comprendre, d’autant plus que Julie n’a toujours pas été retrouvée.
Désormais parachuté en 2020, Gabriel Moscato, va devoir remonter le passé, tenter de trouver des explications à tout cela et, surtout, reprendre sa quête pour tenter de résoudre l’énigme de la disparition de sa fille. L’homme, désespéré et obnubilé, va mette en œuvre toute l’énergie qui lui reste pour essayer de comprendre ce qui lui arrive et, évidemment, reprendre sa quête pour retrouver sa fille ainsi qu’il se l’est juré.
Dans ce roman diabolique Franck Thilliez nous emporte dans une enquête qui va nous plonger aux tréfonds de l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus sombre, de plus torturé, de plus inavouable. Avec un sens du suspense jamais démenti, l’auteur nous tient en haleine jusqu’à une issue qui n’a rien de convenu mais qui, somme toute, est à l’image de l’atmosphère étouffante de des quelques 500 pages de l’ouvrage.
« Il était deux fois », un roman à dévorer sans modération.
C'est avec plaisir que je vous propose de nous retrouver à 17 heures sur les ondes d'IDFM où je chroniquerai le roman de Franck Thilliez "Il était deux fois" dans l'émission littéraire " Les mots des livrespréparée et animée par l'excellente Laurence Ducournau.
Pour les nostalgiques des postes radio c'est sur 98 FM en Ile-de-France et, pour tous les autres, c'est là que cela se passe : IDFM
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