Le blog d'Eric Van Hamme

Comme vous le savez peut-être, nous sommes en pleine semaine du développement durable. Le principal enjeu de cette semaine consiste à tenter d'infléchir les comportements de nos concitoyens notamment en les incitant à adopter au quotidien des comportements « éco compatibles ».

La SNCF, comme toujours, s'est révélée comme novatrice, à la pointe du combat, prête à relever les défis sociétaux. La SNCF adopte une démarche volontariste qui consiste à mettre en œuvre le plus rapidement possible les fondements d'une société davantage respectueuse de son environnement. Ainsi, pour éviter les problèmes de pollution liés aux transports, la solution la plus radicale consiste à supprimer purement et simplement les dits transports. Ce matin donc, en arrivant sur le quai de ma gare de banlieue favorite, j'ai rencontré des usagers furieux (ce qui devient un pléonasme) contre cette application unilatérale et soudaine, sans consultation préalable (monopole oblige).

Pas de train.

Pas de pollution.

La SNCF dans un élan de communication touchant de sincérité nous informait que « Suite à des problèmes d'alimentation le trafic est interrompu ». Fort heureusement il restait un peu de jus pour les panneaux d'affichage (et la machine à café du guichetier). Effectivement, l'argument était totalement imparable : « c'est pas ma faute, c'est l'EDF ! »

Mais le meilleur était à venir.

La SNCF verse maintenant dans le conseil... Si, si, je vous assure. Lisez plutôt la suite. En  dessous du premier message était précisé en toutes lettres :

« Nous invitons les voyageurs à ajourner leur déplacement ».

Je suis resté béat devant une telle percée intellectuelle. Je m'imaginai alors téléphonant à mon employeur pour lui annoncer que j'allais ajourner pour suivre consciencieusement les conseils de la SNCF et, par là même, apporter mon écot à la semaine du développement durable. Lézarder dans mon  jardin aurait constitué un magnifique moyen de contenir mon empreinte écologique.

Si je n'étais pas aussi fatigué, j'aurais d'autant plus ri à cette nouvelle plaisanterie de la Sélection Nationale des Crétins Farceurs, qu'elle est censée se poursuivre jusqu'à demain.

Lors de la cérémonie de passation de pouvoir à la présidence de l'Etat, à Jérusalem, le premier ministre israélien M. Netanyahu a déclaré :

"Nous allons commencer à travailler au plus vite, car nous avons une lourde mission à remplir"

Ecoutant cette déclaration, j'ai soudain réalisé que le mec qui causait était l'élu du « peuple élu », une sorte d'élu au carré.

Les comptables sont de grands bagarreurs. La preuve : ils rendent coût pour coût.

Certains d'entre vous ont été déçus que je ne me lance pas dans une virulente diatribe contre la SNCF, la RATP (et autres entreprises de farces et attrapes) à l'occasion de la grève nationale du jeudi 19 mars. A priori, j'étais tenté par cette délicieuse perspective, il faut bien l'avouer. Cependant, force est de constater que cette journée qu'on nous prédisait noire n'aura été que grise dans les transports, c'est-à-dire presque à peine pire que ce que nous vivons au quotidien. En effet, les transporteurs publics grévistes ont dû se dire que, pour qu'il y ait du monde aux manifs, il fallait bien donner à leurs camarades la possibilité de se rendre sur le lieu des défilés. En clair, qu'il fallait bien se résoudre à assurer un minimum de service au royaume du service minimum. Sans compter que c'est quand même écologiquement vachement plus responsable d'acheminer des troupeaux de gueulards en train plutôt qu'en voitures diesel (et au passage de contribuer à engraisser davantage encore les pétroliers).

De son côté, notre impayable Président de la République (un nain connu) a encore dû se réjouir, déclarer à qui voulait l'entendre (et même à ceux qui ne voulaient pas) que désormais, lorsqu'il y a grève, personne ne s'en aperçoit. C'est bien vrai, mais pas pour les raisons auxquelles il croît. Vous qui partagez ma misère quotidienne pouvez témoigner : depuis deux ans on a l'impression qu'il y a grève tous les jours !