Chaque année, à l’automne, c’est la grande distribution des prix littéraires avec, tels des tournois du grand chelem en tennis, le quatuor Goncourt, Médicis, Renaudot, Femina. Bien entendu, le graal reste le Goncourt, prix pour lequel, l’histoire du prix le montre, il vaut mieux concourir dans une des trois grandes écuries de l’édition française : Gallimard et Grasset (groupe Hachette) et Seuil (groupe La Martinière).
Les jurys de ces prix, comme tous les jurys, sont invariablement placés sous les feux de la critique, pour des raisons plus ou moins bonnes. L’erreur est humaine, les jurés sont humains, ni plus ni moins vertueux que vous et moi. Leurs choix sont par essence discrétionnaires, tout comme le sont ceux des lecteurs : vous et moi. Personne ne vous reprochera d’avoir aimé tel livre et d’avoir détesté tel autre. C’est ce qu’on appelle le choix, le libre-arbitre. A chacun ses goûts, sa sensibilité, ses inclinations, son humeur du moment. Pour qu’un livre rencontre son public, il faut aussi qu’il soit en adéquation avec les attentes de ce dernier.
Mon amie Delphine de Vigan a été écartée de la course aux quatre prix majeurs. Dont acte. Devrait-elle le regretter ? Pas si sûr…
Il n’est qu’à regarder les statistiques de vente de son roman « Rien ne s'oppose à la nuit » (J.-C. Lattès) pour comprendre que ce livre-là a su rencontrer un public, son public. Et le choix du public est comme le choix du peuple tout entier : souverain.
Si plus de 100 000 exemplaires sont sortis de nos librairies, c’est tout sauf un hasard… Je connais la réserve naturelle de Delphine, sa retenue et sa discrétion pour savoir qu’elle a mis dans de ce roman une bonne part d’elle-même, de son histoire familiale. On ne dupe pas impunément le lecteur. Et c’est précisément pour cela, parce que le livre raconte la vie, la vraie, avec ses déchirures, ses tragédies, ses silences et ses mensonges que les lecteurs en ont fait leur préféré. Et c’est heureux.
Alors, vous qui commencez peut-être à penser à Noël et ses cadeaux, mon modeste conseil est le suivant : ajoutez à votre liste " Rien ne s'oppose à la nuit", vous serez conquis, parole d'Eric. Maintenant, c'est à vous de choisir.