En début d'année, j'avais réalisé sur l'antenne d'IDFM une chronique du livre de Jean-Louis Fournier s'intitulant « Où on va, papa ? ». Pour cet excellent livre, Jean-Louis Fournier a obtenu le Prix Femina 2008.
Or, voici quelques semaines, une amie blogueuse a attiré mon attention en m'invitant à aller visiter un site à l'adresse suivante :
http://ouonvamaman.monsite.orange.fr
Curieux, j'y suis allé. Voici ce que j'ai pu lire sur la page d'accueil :
« Je suis la maman de Matthieu et Thomas les deux handicapés, héros malgré eux du roman de Jean-Louis Fournier «Où on va Papa ?» (Stock), Prix Femina 2008, qui n'est plus à présenter.
Il semble que beaucoup de lecteurs n'aient pas compris que ce livre était un roman, et qu'ils l'aient pris au premier degré, jusque dans ses détails les plus caricaturaux.
Ayant dû, depuis sa sortie, répondre à des questions absurdes et démentir des rumeurs farfelues sur ma vie et celles de mes garçons,
j'ai finalement décidé de publier ce site auquel ceux qui le désirent pourront se référer.
J'en profiterai pour tenter de rectifier l'image de mes fils. Image particulièrement maltraitée dans le livre d'après lequel ils n'auraient été que des boulets à traîner, inutiles et honteux, et avec qui on n'aurait pu établir aucune véritable relation. Je ne l'ai pas vécu comme ça.
Tout au long de ma vie, j'ai pris le temps nécessaire pour connaître et apprivoiser mes garçons. Je peux vous affirmer que leur existence n'a pas été inutile.
Je refuse l'idée désespérante que le passage de Matthieu et de Thomas sur cette terre n'était finalement destiné à rien. A rien d'autre qu'à accabler leur père et à servir de sujet à un livre, aussi excellent soit-il. »
Agnès Brunet (mars 2009)
Agnès Brunet a laissé sur son site une adresse mail et c'est tout naturellement que j'ai pris contact avec elle. Nous avons échangé à plusieurs reprises, ce qui m'a permis d'éclairer d'un nouveau jour l'Histoire de Matthieu et Thomas. Je dis l'Histoire avec un grand H, car il semble maintenant acquis que le livre de Jean-Louis Fournier est bien un roman, un excellent roman certes, mais un roman. L'auteur et/ou l'éditeur ont savamment entretenu l'ambiguïté puisque à aucun endroit du livre sa nature n'est précisée.
Mentir par omission, c'est toujours mentir. Le roman de Jean-Louis Fournier n'aurait rien perdu de ses qualités littéraires en affichant clairement ce qu'il était. En tant que lecteur, je me sens dupé et je tenais à le dire.
Agnès Brunet ne cherche pas à créer une quelconque polémique, à se poser en opposante systématique au roman de son ex-mari, ou bien encore à endosser le costume de victime. Elle fait juste valoir son point de vue de mère, la mère d'enfants handicapés car, ne l'oublions pas, c'est tout de même elle qui les a portés et leur a donné la vie.
En lisant le roman de Jean-Louis Fournier, je m'étais dressé une représentation mentale des enfants qui était bien loin de la réalité. En allant sur le site « où on va maman » vous verrez donc des photos de la vie, de la vraie vie de ces enfants ainsi que de leur grande sœur. Dans cet espace ce sont les enfants qui sont mis en avant, les enfants et leur problème majeur, celui de « l'incommunicabilité » qu'a mis en avant Agnès Brunet dans l'un de ses messages où elle m'écrit ceci : « Ils posent des questions et personne ne leur donne jamais de réponse. Ils souffrent et ne savent pas le dire, ils ont des désirs et ne savent pas les exprimer. Ils aspirent au bonheur et personne ne comprend en quoi il consiste. »
Le vrai regret d'Agnès Brunet est bien celui-là, cette occasion ratée pour parler des handicapés eux-mêmes, puisque ce sont eux les victimes vers qui toute notre attention devrait se porter.
La vraie vie de Matthieu et Thomas n'est pas aussi vaine que le roman le laisse entendre, ce sont des personnes à part entière, des personnes avec une vie riche d'amour, l'amour de leur mère, de leur sœur et de leurs grands-parents.
Que vous ayez ou non lu le roman de Jean-Louis Fournier, je vous invite à aller visiter le site d'Agnès Brunet où vous pourrez également lire de nombreux témoignages dont ceux d'autres parents d'enfants handicapés.
Je le dis et le répète, le roman de Jean-Louis Fournier est excellent, mais de grâce, ne méprisez pas le lecteur en lui laissant croire qu'il s'agit d'un récit.
Pour ma part, je tiens à témoigner ici, et en direct, du courage et la probité d'Agnès Brunet qui ne cherche jamais à tirer la couverture à elle, à donner l'image d'une « mère courage » qu'elle a pourtant probablement été.
Madame, si vous écoutez cette émission, je tiens à vous témoigner ma profonde gratitude et mon indéfectible admiration.