Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 08:17

En début d'année, j'avais réalisé sur l'antenne d'IDFM une chronique du livre de Jean-Louis Fournier s'intitulant « Où on va, papa ? ». Pour cet excellent livre, Jean-Louis Fournier a obtenu le Prix Femina 2008.

Or, voici quelques semaines, une amie blogueuse a attiré mon attention en m'invitant à aller visiter un site à l'adresse suivante :


http://ouonvamaman.monsite.orange.fr

link


Curieux, j'y suis allé. Voici ce que j'ai pu lire sur la page d'accueil :


«  Je suis la maman de Matthieu et Thomas les deux handicapés, héros malgré eux du roman de Jean-Louis Fournier «Où on va Papa ?» (Stock), Prix Femina 2008, qui n'est plus à présenter.

Il semble que beaucoup de lecteurs n'aient pas compris que ce livre était un roman, et qu'ils l'aient pris au premier degré, jusque dans ses détails les plus caricaturaux.

Ayant dû, depuis sa sortie, répondre à des questions absurdes et démentir des rumeurs farfelues sur ma vie et celles de mes garçons,
j'ai finalement décidé de publier ce site auquel ceux qui le désirent pourront se référer.

J'en profiterai pour tenter de rectifier l'image de mes fils. Image particulièrement maltraitée dans le livre d'après lequel ils n'auraient été que des boulets à traîner, inutiles et honteux, et avec qui on n'aurait pu établir aucune véritable relation.  Je ne l'ai pas vécu comme ça.

Tout au long de ma vie, j'ai pris le temps nécessaire pour connaître et apprivoiser mes garçons. Je peux vous affirmer que leur existence n'a pas été inutile.

Je refuse l'idée désespérante que le passage de Matthieu et de Thomas sur cette terre n'était finalement destiné à rien. A rien d'autre qu'à accabler leur père et à servir de sujet à un livre, aussi excellent soit-il. »


Agnès Brunet (mars 2009)


Agnès Brunet a laissé sur son site une adresse mail et c'est tout naturellement que j'ai pris contact avec elle. Nous avons échangé à plusieurs reprises, ce qui m'a permis d'éclairer d'un nouveau jour l'Histoire de Matthieu et Thomas. Je dis l'Histoire avec un grand H, car il semble maintenant acquis que le livre de Jean-Louis Fournier est bien un roman, un excellent roman certes, mais un roman. L'auteur et/ou l'éditeur ont savamment entretenu l'ambiguïté puisque à aucun endroit du livre sa nature n'est précisée.   

Mentir par omission, c'est toujours mentir. Le roman de Jean-Louis Fournier n'aurait rien perdu de ses qualités littéraires en affichant clairement ce qu'il était. En tant que lecteur, je me sens dupé et je tenais à le dire.

Agnès Brunet ne cherche pas à créer une quelconque polémique, à se poser en opposante systématique au roman de son ex-mari, ou bien encore à endosser le costume  de victime. Elle fait juste valoir son point de vue de mère, la mère d'enfants handicapés car, ne l'oublions pas, c'est tout de même elle qui les a portés et leur a donné la vie.

En lisant le roman de Jean-Louis Fournier, je m'étais dressé une représentation mentale des enfants qui était bien loin de la réalité. En allant sur le site « où on va maman » vous verrez donc des photos de la vie, de la vraie vie de ces enfants ainsi que de leur grande sœur. Dans cet espace ce sont les enfants qui sont mis en avant, les enfants et leur problème majeur, celui de « l'incommunicabilité » qu'a mis en avant Agnès Brunet dans l'un de ses messages où elle m'écrit ceci : « Ils posent des questions et personne ne leur donne jamais de réponse. Ils souffrent et ne savent pas le dire, ils ont des désirs et ne savent pas les exprimer. Ils aspirent au bonheur et personne ne comprend en quoi il consiste. »

Le vrai regret d'Agnès Brunet est bien celui-là, cette occasion ratée pour parler des handicapés eux-mêmes, puisque ce sont eux les victimes vers qui toute notre attention devrait se porter.

La vraie vie de Matthieu et Thomas n'est pas aussi vaine que le roman le laisse entendre, ce sont des personnes à part entière, des personnes avec une vie riche d'amour, l'amour de leur mère, de leur sœur et de leurs grands-parents.

Que vous ayez ou non lu le roman de Jean-Louis Fournier, je vous invite à aller visiter le site d'Agnès Brunet où vous pourrez également lire de nombreux témoignages dont ceux d'autres parents d'enfants handicapés.


Je le dis et le répète, le roman de Jean-Louis Fournier est excellent, mais de grâce, ne méprisez pas le lecteur en lui laissant croire qu'il s'agit d'un récit.

Pour ma part, je tiens à témoigner ici, et en direct, du courage et la probité d'Agnès Brunet qui ne cherche jamais à tirer la couverture à elle, à donner l'image d'une « mère courage » qu'elle a pourtant probablement été.

Madame, si vous écoutez cette émission, je tiens à vous témoigner ma profonde gratitude et mon indéfectible admiration.

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
<br /> Mon problème est que j'ai lu ce livre, et que je regrette de l'avoir payé. Je l'avais oublié, mais récemment quelqu'un à mon travail m'a dit qu'il était super, qu'il permettait de relativiser<br /> quand on avait des enfants "normaux". J'étais stupéfaite qu'on pense encore et toujours à vouloir aider les gens normaux (ici, en se servant des anormaux, notez) et pas les handicapés. J'ai même<br /> mis du temps à comprendre la monstruosité de ce qu'elle m'a dit.<br /> <br /> <br /> Selon elle, ce livre ne pouvait qu'être beau, puisqu'il a été écrit par une célébrité et qu'il a eu un prix (encore une absurdité qui mérite réflexion). Mais je ne connaissais pas Jean-Louis<br /> Fournier, c'est par elle que je l'apprenais. Je suis donc allée naviguer sur le net pour avoir des infos, et je suis tombée sur votre blog.<br /> <br /> <br /> D'une certaine façon, je suis remboursée de mon achat. ;-) On peut même dire que je suis gagnante.<br /> <br /> <br /> Je vais arrêter là. Mais j'ajoute que je pense qu'il faut en parler (ailleurs aussi, j'ai trouvé des articles qui ventent les mérites de ce livre, j'y ai posté aussi d'ailleurs) parce que la pub<br /> pour ce livre se fait toujours, par le bouche à oreilles.<br /> <br /> <br /> Bien à vous.<br />
Répondre
S
<br /> Merci pour votre réponse. A propos de Jean-Louis Fournier qui se plaint dans son livre que ses enfants ont de la paille dans la tête, ma soeur m'a dit qu'il avait "de la paille dans le<br /> coeur". Cette phrase résume ce que j'ai voulu dire dans mes 2 précédents messages ici.<br /> <br /> <br /> Je découvre votre blog petit à petit, il est très intéressant. :-)<br />
Répondre
E
<br /> <br /> Merci à vous et à l'image forte trouvée par votre soeur qui, effectivement, a le mérite de bien poser les choses.<br /> <br /> <br /> Une dernière remarque à ce propos : je n'avais rien lu de lui avant et la probabilité que je lise autre chose est proche de zéro, sauf s'il venait à aborder un sujet particulier que la maman des<br /> enfants a eu la gentillesse de partager avec moi.<br /> <br /> <br /> Un amical conseil, ne passez pas trop de temps dans cet espace, reconnu d'inutilité publique ;-p<br /> <br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> M. Fournier a eu tort de faire ce livre. L’humanité a besoin qu’on l’informe le plus correctement possible,<br /> qu’on la rassure sur les enfants en général, et sur les handicapés en particulier. Elle ne l’est pas assez, c’est pour cette raison que les gens ont peur de garder un enfant in utero, a fortiori<br /> si cet enfant est handicapé. La méconnaissance des handicaps engendre beaucoup de drames avec des Interruptions Médicales de Grossesse pas toujours justifiées ni vraiment désirées. Mais pas<br /> seulement : elle entretient une distance entre les gens dits normaux, et les handicapés. <br /> <br /> <br /> Je veux bien qu’on utilise  l’humour noir, j’en suis friande mais il ne faut surtout pas mettre des bâtons dans les roues de l’évolution de notre société. Nous faisons des efforts pour que<br /> les handicapés vivent mieux, parce que la planète est à tout le monde : elle n’est pas réservée qu'aux gens bien faits. Et si le pouvoir de l’image n’était pas entretenu par la télévision, nous<br /> pourrions faire beaucoup plus. Notre monde n’accueille pas encore les handicapés comme il le faudrait et un livre comme celui-ci a du, indirectement et directement, leur faire beaucoup de tort et<br /> leur en fera encore beaucoup tant qu'il ne sera pas interdit.<br /> Pour<br /> cette raison, le livre n’est pas drôle. Pas plus que je ne trouve drôle que Patrick Timsit se moque des trisomiques, je ne trouve drôle que M. Fournier dise « ma fille est jolie, c’est normal, on a<br /> fait deux brouillons avant ». Je ne trouve pas drôle non plus qu’on suppose d’emblée que les gens qui admirent une belle voiture seraient forcément déçus s’ils voyaient « ce qui est assis à<br /> l’arrière ». Ou de raconter que l’employé d’un magasin trouve idiot qu’un papa offre des cubes à son fils plutôt qu’une boite de chimie. C’est à lui de communiquer avec l’employé et de lui<br /> expliquer que ses enfants sont handicapés. C'est à lui de se montrer solidaires de ses enfants et de les valoriser.
Répondre
E
<br /> <br /> Trois années sont déjà passées, et mon malaise reste pregnant sur ce roman qui n'a jamais voulu dire ce qu'il était. S'il a eu un mérite, c'est de nous rappeler, à nous qui nous portons bien, que<br /> nous sommes de sacrés chanceux, que la vie, pour des raisons qui nous échappent, peut à tout moment, pour un petit rien du tout, ne pas livrer ce que nous attendons d'elle.<br /> <br /> <br /> La "construction" d'un humain repose sur tellement de facteurs, est une "mécanique" d'une telle précision que le moindre grain de sable peut tout chambouler.<br /> <br /> <br /> Ma conclusion ? Difficile à dire... en tout cas il n'est pas honnête d'instrumentaliser ses propres enfants pour se donner le (beau) rôle qu'on aurait voulu avoir. Il ne faut pas oublier que<br /> le sujet principal du livre, qui est passé au second plan, ce sont les enfants eux-mêmes, leur vie, leurs sentiments, car ils en ont autant que vous et moi, qu'il s'agisse de leurs rires, de<br /> leurs peines, de leurs angoisses, tout ce qui fait deux des êtres humains à part entière, et surtout pas des "monstres" ou des<br /> "bêtes de cirque". N'oublions jamais les enfants. Pour cela il suffit, comme je le fais de temps en temps, d'aller feuilleter l'album familial qui est en ligne. Encore merci Madame de m'avoir<br /> ouvert les yeux sur la vie que vous avez eue avec vos magnifiques enfants.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Prétendre que ceux qui disent que l’enfant est un cadeau du Ciel ont rarement des enfants handicapés, est de la manipulation pure, car c’est un énorme mensonge, et<br /> c’est la preuve que M. Fournier a fait ce livre uniquement pour se dédouaner de « ne pas avoir été un très bon père », et « souvent, de ne les avoir pas supportés ». Ce monsieur a écrit ce livre<br /> dans le seul but de se justifier, pas pour se rattraper. Il aurait pu raconter son évolution : comment au début il avait honte de ses enfants, et comment aujourd’hui, après avoir appris, compris<br /> et aimé, il a honte d’en avoir eu honte. Voilà qui aurait été beau et utile pour d’autres parents.<br /> <br /> <br /> M. Fournier est handicapé de la sagesse, de l’amour et de l’intelligence. Car il prend le lecteur pour un imbécile, en plus. Il se trompe autant sur les autres, que vos enfants ont pu se tromper<br /> quand ils ne comprenaient pas quelqu’un. Mais eux, avec leur QI « négatif », ils avaient une excuse. Quelle est l’excuse de M. Fournier ?<br /> Il s’appelait Jean-Louis, c'est un clin d'oeil aux beaufs. Il répétait inlassablement « mes<br /> enfants son ratés, ils ne feront rien, ils bavent, j’en ai si honte que je ne les mettrai jamais sur une carte de vœux ». J’ai acheté son livre, et perdu 15€. Me rembourserait-il ? Cela<br /> m’étonnerait, malhonnête comme il est.
Répondre
R
<br /> <br /> Comment peut elle dire cela alors qu'elle est partie... sidérant !!! quelle hypocrite !!!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre