Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 16:13

L’action débute à la fin de 1945, période sombre où on solde les comptes de la seconde guerre mondiale.

Dans le prologue de ce roman, nous embarquons à bord d’un avion militaire britannique qui transporte un passager particulier devant accomplir une mission qui l’est tout autant dans une prison allemande.

Nous réalisons ensuite un bond dans l’espace et le temps. La première partie du roman nous propulse dans la province suédoise du Härjedalen, à l’automne 1999, où nous nous retrouvons en compagnie d’Herbert Molin, un policier retraité vivant seul dans un chalet isolé au beau milieu de la forêt, à quelques kilomètres de la petite ville de Sveg. A priori l’endroit rêvé pour couler une existence tranquille et sereine… sauf que :

« Il se réveillait la nuit, cerné par les ombres. Cela avait commencé à l’âge de vingt-deux ans ; maintenant il en avait soixante-seize. Pendant cinquante-quatre années consécutives, il avait été insomniaque. Les ombres ne l’avaient jamais quitté. A certaines périodes, en se bourrant de somnifères, il avait réussi à dormir jusqu’au matin. Mais au réveil, il comprenait que les ombres étaient restées présentes. A son insu.

Cette nuit qui touchait à sa fin ne faisait pas exception à la règle. Il n’était pas nécessaire d’attendre que surgissent les ombres, ou les visiteurs, ainsi qu’il les appelait parfois. Les ombres survenaient en général quelques heures après la tombée du jour. Soudain elles étaient là, comme surgies de nulle part, tout contre lui, avec leurs visages blancs et muets. Après tant d’années, il s’était habitué à elles. Mais il savait qu’il ne pouvait pas s’y fier. Un jour, elles cesseraient de se taire. Qu’arriverait-il alors ? Il l’ignorait. Passeraient-elles à l’attaque où se contenteraient-elles de le démasquer ? »

A cet instant précis, en cette nuit du 19 octobre 1999, Herbert Molin ne sait pas encore qu’il ne verra plus jamais la lumière du jour, qu’il va être sauvagement assassiné.

Quelques jours plus tard, le 25 octobre 1999, nous faisons la connaissance de Stefan Lindman, un jeune policier de 37 ans. Stefan est totalement angoissé. Ce matin-là, il doit se rendre à l’hôpital pour rencontrer le médecin devant lui remettre les résultats des examens médicaux qu’il a subis, après qu’il eût découvert une boule suspecte sur sa langue :

« A huit heures trente, il s’asseyait dans la cafétéria avec un café et le journal du matin. Mais il n’ouvrit pas le journal et ne toucha pas à son café. Au moment de frapper à la porte, il fut pris d’une peur panique. Il entra. Le médecin était une femme. Il essaya de lire sur son visage à quoi il devait s’attendre : grâce ou condamnation à mort. Elle lui sourit, mais cela ne fit qu’accentuer son désarroi. Que trahissait ce sourire ? Un manque d’assurance ? De la compassion ? Ou le soulagement de ne pas avoir à annoncer à un patient qu’il avait un cancer ? Il s’assit en face d’elle, pendant qu’elle rajustait quelques papiers sur son bureau. Après coup, il lui fut reconnaissant d’être allée droit au but :


- Il s’avère que cette grosseur que tu as à la langue est malheureusement une tumeur.

Il déglutit et hocha la tête. Il le savait, il l’avait toujours su, depuis ce matin dans la salle de bains d’Elena à Norrby. Il avait un cancer.

- Nous ne voyons aucun signe de dissémination. C’est un diagnostic précoce ; nous pouvons donc réagir sur le champ.

- Me couper la langue ?

- Non. Radiothérapie d’abord. Opération ensuite.

- Est-ce que je vais mourir ?

Il n’avait rien préparé. La question avait jailli d’elle-même.

- Un cancer doit toujours être pris au sérieux. Mais nous avons des techniques. Cela fait longtemps que ce diagnostic n’est plus synonyme d’issue fatale.

Il resta plus d’une heure dans le bureau du médecin. En ressortant, il était en sueur. Au creux du ventre, tout au fond, il sentait un point absolument froid. Une douleur qui ne le brûlait pas. Mais qui lui faisait le même effet que les mains du psychopathe autour de son cou. Il s’obligea à rester très calme. Maintenant il allait prendre son café et lire le journal. Ensuite il déciderait s’il était mourant ou pas.

Mais l’édition du matin avait disparu. A la place, il trouva un tabloïd. L’espèce de nœud glacé était là, sans arrêt. Il but son café en feuilletant le journal. Les mots et les images s’effaçaient de sa conscience dès l’instant où il tournait la page.

Soudain, un détail retint son intérêt. Un nom sous une photographie. Le titre de l’article parlait de meurtre. Il resta assis, à contempler ce nom. Herbert Molin, 76 ans. Policier à la retraite. »

Herbert Molin, Stefan le connaissait, c’est lui qui lui avait servi de chaperon quant il était entré à la brigade criminelle de Borås la plus grande vile de sa région natale. Herbert Molin avait été assassiné et Stefan se souvenait soudain que lorsqu’ils travaillaient ensemble, Herbert avait semblé avoir peur, craindre quelque chose ou plus exactement quelqu’un. Stefan repensa à ce jour où, à la poursuite d’un meurtrier échappé dans la forêt, il avait involontairement surpris Herbert pas derrière, lui affligeant une véritable terreur. Ce qui fit dire à Herbert: « J’ai cru que c’était quelqu’un d’autre ».

Mais de qui Herbert avait-il eu peur ? De celui qui l’avait finalement tué ?

Puisqu’il est en arrêt maladie en attendant que sa radiothérapie ne débute, Stefan décide de partir pour cette lointaine région du nord, le Härjedalen, pour tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer. Mais Stefan ignore qu’il va se retrouver face à une énigme qui va faire remonter à la surface les horreurs du nazisme, certainement pas ce dont il avait besoin pour combattre sa propre peur de mourir.

Dans ce roman sombre et palpitant, Henning Mankel nous fait plonger au cœur d’une intrigue diabolique, avec un art consommé pour nous faire partager les pensées les plus intimes de ses personnages et, à travers eux, les interrogations de la société suédoise tout entière.

Si vous ne l’avez pas encore lu, réparez cet oubli sans tarder.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 09:15

Alerte, tous aux abris, préservez vos tympans fragiles.

Cet après-midi, aux alentours de 17h00, je serai au micro d'IDFM pour vous lire un petit papier sur le roman d'Henning Mankel "Le retour du professeur de danse". Pour les franciliens nostalgiques des postes radio vous pourrez paniquer sur 98 fm. Pour les autres, si vous souhaitez écoeurer votre PC, un clic en dessous pour une grande claque. Vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas prévenus.

 

link

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 12:44

Elle avance doucement

Econome de l’effort

Qu’importe qu’on la raille

Elle et son infinie lenteur.

Elle avance en sachant

Qu’à la fin du chemin

Seule la mort nous attend.

Pourquoi donc se hâter

Et courir à sa perte ?

Pourquoi donc se ruer

Dans les bras du néant ?

La tortue se promène

En jouissant de l’instant.

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 16:06

Une plume.

Une plume a surgi sur mon dos

Puis une autre sur mon bras

Et ensuite sur ma jambe.

En quelques jours à peine

Je ne vis plus ma peau :

Je n’étais que plumage.

Cloîtré dans mon studio

Au sommet de la tour

Qui devint une cage

La fenêtre s’est ouverte.

Un vertige m’a saisi

Une force invisible

Vers le vide me poussait.

Je ne sais pas pourquoi

Et encore moins comment

Mais soudain j’ai sauté

Et me suis envolé

Vers un autre destin.

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 15:20

A perdre la mesure d’une qualité on crée un défaut.

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 11:46

Jeudi 15 septembre, mon amie Delphine de Vigan sera l’invitée de François Busnel dans « La grande librairie » où elle présentera son dernier roman « Rien ne s’oppose à la nuit ».

Dans ce roman très personnel, comme le fût « Jour sans faim » son premier roman publié, Delphine se lance dans une véritable quête, presque une enquête, sur le destin tragique de sa mère, qui a mis fin à ses jours.

Delphine recompose cette tragédie avec ses mots et sa sensibilité, en interrogeant sa mémoire, les souvenirs consignés au fil de temps dans son journal intime, mais aussi les souvenirs de toute une fratrie…

 

Avec ce nouvel opus, Delphine fait à nouveau partie de la première sélection pour le Goncourt (c’est la troisième fois). Obtiendra-t-elle enfin le précieux graal ?

 

Tous mes vœux l’accompagnent.

 

Partager cet article
Repost0
10 septembre 2011 6 10 /09 /septembre /2011 18:05

Quand la neige sera chaude

Et le soleil gelé

Quand la mer sera creuse

Et les monts renversés

 

Quand le vent sera muet

Les nuages envolés

Quand l’odeur sera honte

Et les bois pétrifiés

 

Alors sur le granit

Nos prénoms séparés

Entreront en fusion

Pour ne plus se quitter.

Partager cet article
Repost0
7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 13:50

Si la vie vaut la peine d’être vécue, c’est d’abord pour les belles rencontres qu’elle nous réserve. Les circonstances sont parfois insolites mais peut-être pourraient-elles être pour partie régies par quelque invisible fil, quelque chose qu’on nommerait destin…

Voici neuf ans exactement, mon petit chemin tortueux a croisé celui de Frantz qui est depuis devenu un ami. En devisant en sa compagnie selon l’humeur de l’instant, en focalisant parfois mon attention sur les plus menus interstices de l’existence, j’ai souvent découvert des béances dont mon esprit n’aurait jamais même pu soupçonner l’existence. Je l’en remercie sincèrement.

Frantz, en toute discrétion, traduit parfois en mots quelques unes de ses nombreuses pensées ; il évoque parcimonieusement, avec la plus grande pudeur, des émotions et des sentiments toujours puissants. Ainsi m’a-t-il généreusement offert aujourd’hui une carte sur laquelle était écrit :

 

« J’aime la voix, dans ses inflexions légères, dans ses dérives incertaines, ressac d’émotions changeantes et de paisibles murmures. »

  

Partager cet article
Repost0
3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 10:31

En cette fin d’été, un ami a eu la délicate attention de m’inviter au parc d’attraction d’Eurodisney (merci Wilfrid) ce qui a permis à la plus jeune des mes filles de passer une magnifique journée.

Cependant, comme vous le savez si vous fréquentez cet espace maléfique, les transports en commun et moi ne filons pas le parfait amour…

Arrivés dans le parc, direction le petit train, histoire de faire le tour du propriétaire… gare charmante, ambiance far West et, bien entendu, locomotive à vapeur.

Vingt minutes d’attente prévisionnelle.

Rien de bien méchant ; après tout, nous avons tout notre temps. Au rythme des passages notre tour approche, la tension nous gagne. Nous sommes déjà dans les starting blocks quand soudain le trafic est interrompu pour une « avarie de matériel ». Je me frotte les yeux, c’est sûr, je dois rêver. Mais non. Nous décidons d’attendre, un peu, beaucoup… plus d’une heure au total… Le mauvais œil quoi !

M’enfin, tout se mérite ! Le reste était parfait.

 

 

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 22:20

Eh bien oui, même les plumitifs ont droit de partir physiquement et moralement. Avec un peu de malchance vous aurez de mes nouvelles. Ne croyez pas vous en tirer à si bon compte.

Partager cet article
Repost0